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Hôtellerie : ça bouge en station

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Hospitalité : ça bouge en station
BARNES MAGAZINE : ça bouge en station 01

Nouveaux lieux, nouvelles ambiances, nouveaux concepts, un vent de dynamisme souffle sur les stations de montagne.

Désormais fréquentées toute l’année, elles s’imposent de plus en plus comme des spots (hautement) tendance. De Megève à Verbier, en passant par Villars ou encore Hérémence, l’hôtellerie sert autant de levier que de vecteur à cette émulation.
Autrefois réservées à un public amateur de grand air et d’activités sportives telles que le ski, les stations de montagne ont vu leur visage évoluer depuis quelques années. Si la pandémie et la hausse des températures ont joué un rôle, notamment avec le boom des installations, ce dynamisme ne s’est pas tari depuis. Les touristes, eux aussi, sont de plus en plus nombreux. Des publics variés, attirés certes par le grand air, mais pas que. Car un je-ne-sais-quoi de nouveau plane sur certaines stations. En cause ? De nouveaux lieux
« tendance » – pour certains totalement novateurs, pour d’autres un savant mélange entre une offre existante et des aménagements – qui participent à leur échelle à cette « mue » que sont en train de vivre certaines stations.

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Concept d'un genre nouveau à Verbier

Quiconque suit les nouveaux venus dans l’univers hôtelier n’a pas pu passer à côté d’un acteur devenu en un temps record l’un des plus en vogue du secteur. Fondé en 2007 par trois amis d’enfance, le Groupe Experimental s’est d’abord fait un nom grâce à son Cocktail Club, premier lieu de la sorte à Paris visant à implanter la culture de la mixologie qui commençait à se développer dans les pays anglo-saxons. Le succès est au rendez-vous et, trois ans plus tard, le trio devient quatuor et prend une nouvelle direction.
Le leitmotiv : « Offrir une expérience d’hospitalité contemporaine à une clientèle exigeante dans le monde entier. » En d’autres termes, comme l’explique Olivier Bon, l’un des fondateurs historiques : « À l’époque, le client avait le choix entre dormir dans un palace, ultra-premium, avec tous les services possibles, ou fréquenter un hôtel de trois ou quatre étoiles, avec une offre se cantonnant aux nuitées, avec certes quelque chose de soigné mais sans réels services proposés aux clients en sus. Nous avons donc voulu créer l’entre-deux. En somme, des établissements premium, pas inaccessibles, mais avec un niveau de services exceptionnel. » Un modèle hybride, et donc unique en son genre. Après des ouvertures à Paris, New York, Londres et Ibiza, c’est en Suisse que le groupe a décidé d’implanter son nouvel établissement, à Verbier plus précisément. « L’un des associés vient ici depuis très longtemps et rêvait d’y ouvrir un lieu. Lorsqu’il m’a fait découvrir la station, j’ai eu le même coup de cœur que lui. Et à la beauté du site s’ajoute ici un atout important pour nous, une clientèle aussi bien locale qu’internationale et une ambiance qui correspondent toutes deux à l’ADN de nos lieux. »
Un pari toutefois d’ouvrir en Suisse plutôt que de manière plus évidente en France nous glisse Olivier Bon, mais une certitude : Verbier, avec son côté fun et jeune, est l’endroit où il fallait être. En 2018, l’Experimental Chalet ouvre ses portes, fort de
39 chambres et suites – dont certaines avec terrasse ou jacuzzi –, d’un restaurant où la carte est signée du chef parisien Gregory Marchand, d’un spa, d’un bar mettant à l’honneur les cocktails – signature des lieux du groupe – et… d’une boîte de nuit.
Le tout dans un décor s’inspirant des établissements de villégiature des années 1950 signé de l’architecte milanais Fabrizio Casiraghi, bien différent de ce que l’on retrouve dans les autres hôtels de la station. Un lieu qui bouscule les codes, et qui va jusqu’à réveiller le légendaire Farm Club (intégré au sein même de l’établissement), boîte de nuit historique de Verbier qui renaît sous l’impulsion de nouvelles décoration et sonorisation, mais où l’ambiance tant appréciée des locaux y a été conservée. Convaincus du potentiel encore immense de la Suisse pour leur modèle, les quatre associés planchent déjà sur des ouvertures à Genève et Saint-Moritz. Nul doute que ces lieux sauront parfaitement trouver leur public.

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Eringer Hotel : « resort » écolo au cœur des 4 Vallées

Niché au cœur des 4 vallées, plus grand domaine skiable de Suisse, l’Eringer Hotel ouvert à Hérémence en 2022 fait déjà beaucoup parler de lui. On loue son empreinte carbone ultra-faible, sa décoration soignée, son emplacement exceptionnel ou encore son concept « kids friendly ». En réalité, tout cela participe de ce qui le distingue réellement d’un hôtel « classique » : un concept où hôtellerie et hospitality ne font qu’un. Un concept voué à s’affirmer encore davantage avec la finalisation du Dixence Resort et son offre thermale et bien-être. Un duo architectural complémentaire, posé à même la nature, semblant embrasser la Dent-Blanche et le Cervin, avec vue plongeante sur le val d’Hérens.
Si les skieurs trouveront ici le paradis avec un domaine cumulant plus de 410 kilomètres de pistes et que l’on rejoint skis aux pieds sitôt la porte de l’Eringer poussée. L’hôtel propose une offre d’activités élargie : randonnées en raquettes ou en peau de phoque, ou encore balade en chiens de traîneau, en passant par le spa thermal attenant ; la notion de service prend ici tout son sens. Tout comme celle de « lifestyle », qui ne fait pas mentir le slogan « l’expérience Eringer ». En tout, pas moins de quatre lieux se disputent la vedette, entre un restaurant gourmet-chic Chez Pietro, un autre reprenant les codes du carnotzet dans un décorum moderne, un bar et un après-ski ambiance festive se déployant sur la terrasse de plus de 500 mètres carrés de l’Eringer.
Déjà culte, le lieu est définitivement à la hauteur de sa réputation.

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Villars Palace : la mue réussie d’un lieu mythique

Comment rénover un tel monument du patrimoine sans le dénaturer ni en perdre la magie ? C’est sans doute la question que se sont posée Jérôme de Meyer et Marco Dunand, deux entrepreneurs à la tête de ce chantier titanesque débuté en 2020 et achevé en 2022… soit plus d’un siècle après son inauguration (première ouverture en 1913). Et celui que l’on surnomma pendant longtemps « le Paquebot », surprenant de démesure, n’est désormais plus seul à régner sur la station. À ses côtés, le Villars Lodge et le Victoria Hotel & Residence complètent ce triptyque imaginé par le duo d’entrepreneurs prenant le nom de « Villars Alpine Resort ». Un nom qui vient requalifier la fonction même du lieu, la mue (réussie) d’un palace traditionnel en un resort cinq étoiles.
Comme l’expliquaient Jérôme de Meyer et Marco Dunand lors de la réouverture : « Lorsque nous sommes entrés pour la première fois dans la propriété du Villars Palace, nous avons immédiatement décidé que nous ne créerions pas un hôtel traditionnel. Nous ne sommes ni l’un ni l’autre des hôteliers, nous sommes des entrepreneurs prêts à casser les codes et à concevoir l’hôtel du futur. » Un hôtel « du futur » mais pas « futuriste ». En somme : conserver tout ce que l’ancien peut apporter au lieu en termes de cachet, de majestuosité et d’identité, et ajouter tout ce qu’il faut de moderne, au niveau architectural et en matière de services, pour hisser l’établissement au rang des hôtels tendance. De la façade extérieure aux fenêtres voûtées, aux moulures du plafond et aux colonnes anciennes, toutes d’époque, au mobilier contemporain, aux touches de couleur ou encore aux options à la pointe de la technologie, l’équilibre est parfaitement maîtrisé. Mais passer de lieu où dormir à lieu « vivant », le défi est un peu plus grand. Si le bar du Palace et le 1913, restaurant signature du chef Mirto Marchesi, participent à cela, il en fallait un peu plus pour franchir ce pas.
La fonction même du Palace, élément principal du Villars Resort, a évolué, avec l’idée de devenir « un lieu de villégiature hybride, combinant l’éducation, la culture et le développement durable ». Déjà présente avec le théâtre datant de 1875 – intégré au lieu et fraîchement rénové –, la culture devient l’une des pièces maîtresses de l’hôtel avec une galerie installée en sous-sol et des expositions organisées tout au long de l’année. Pour le volet éducatif, le Resort accueille la « Villars Palace Academy » qui vise à former des jeunes à un cursus hôtelier et touristique (en partenariat avec l’EHL notamment). Enfin, l’aspect durabilité se manifeste via une somme d’actions en faveur de l’environnement déployées dans un programme « We Believe » de trois piliers, cinq objectifs et huit points d’action (comme l’installation de panneaux photovoltaïques, le recyclage des déchets, des opérations hôtelières durables, la responsabilité sociétale des entreprises, etc.).
En voulant être « plus qu’une expérience d’hôtel de luxe », le Villars Palace est allé bien au-delà des espérances.

BARNES Magazine #17